CoVid

Confinement et établissements scolaires : il y a urgence !

La semaine qui vient de s’écouler a été un grand bazar. Alors que le confinement était pourtant appliqué depuis 4 jours, la rentrée s’est déroulée comme si de rien n’était.
Pire, les images des lycées d’Angoulême : que ce soit de Guez de Balzac ou de Marguerite de Valois en présence de la Préfète et de la Dasen laissent pantois… Voir ici.

L’impréparation du ministère en matière sanitaire s’ajoute aux revirements de Blanquer, tant sur le plan sanitaire qu’en ce qui concerne le temps de concertation concernant l’hommage à notre collègue.
La colère gronde alors dans les établissements. Le gouvernement le sait.
Les collègues de Jean Rostand exercent à juste titre leur droit de retrait. Voir ici.

Vendredi, nouvel épisode avec l’annonce de dernière minute de nouvelles mesures destinées à tenter de désamorcer le mouvement lycéen et la grève qui se profile. Mais face à l’extrême gravité de la situation sanitaire, ces annonces bricolées (lire ici) , qui excluent le premier degré et les collèges, ne répondent pas à l’urgence.
Ce même vendredi, Blanquer ose affirmer que les contaminations d’élèves et de profs sont «maîtrisées».
Curieusement, les cas détectés ne font pas l’objet d’une large information.
Pourtant, en Charente, on compte pour le seul mois de septembre 58 cas dans l’EN.
C’est l’omerta administrative.

Donnons-nous, ensemble, les moyens de nous informer. Voir ici.

Alors que l’on nous annonce plus de 60 486 nouveaux cas et 828 décès (données minimales selon Santé publique France ) pour la seule journée de vendredi, c’est à dire les pires chiffres depuis le début de l’épidémie, alors que la France connaîtrait la situation la plus grave en Europe, alors que les services de réanimation sont débordés, on continue. Pourquoi ?

Dans cette situation, la plus grave depuis le début de l’épidémie il serait impératif de mettre en place un véritable confinement.
Mais, le gouvernement ne s’en est pas caché, son premier objectif est de maintenir les écoles ouvertes, à tout prix.
La gravité de la pandémie était connue depuis mai.
Malgré cela, la rentrée de septembre a été « joyeuse » selon Blanquer.
Dès le 12 octobre, Castex déclarait : « Mon objectif c’est que l’économie continue. Il faut absolument que les 12 millions d’élèves soient à l’école… Garder les enfants à l’école c’est capital. C’est une priorité du gouvernement ». Et du MEDEF aurait-il pu ajouter. On est bien loin de préoccupations pédagogiques ou sociales…

En France, le pseudo confinement actuel n’est qu’un ersatz.
Le gouvernement français, à force de tergiversations, a compromis les effets positifs du confinement de mars-avril. Sa politique nous mène droit dans le mur. Mardi, nous serons en grève pour dénoncer cette irresponsabilité.

C’est pour cela que Sud Éducation Charente appelle tous les collègues à la grève le 10 novembre.
Ce temps de grève pourra avantageusement être mis à profit pour échanger entre nous sur ces sujets d’importance capitale !

Protocole sanitaire : En quoi les annonces de Jean Michel Blanquer pour les lycées ne sont pas suffisantes ?

Les mesurettes proposées par Jean Michel Blanquer, Jeudi 5 novembre, peuvent paraître « frappées du coin du bon sens », mais si nous les regardons de plus près, comme trop souvent elles ne résistent pas à un examen réfléchi. Reprenons-les dans l’ordre dans lequel elles sont énoncées :

« Les trois périodes d’évaluations communes prévues pour les classes de première et de terminale seront annulées en cette année 2020-2021. »

Cette mesure n’en est pas une, il était évident, au vu de la mobilisation contre les E3C l’année dernière, que le ministre ne pouvait pas choisir de les conserver, il utilise ici l’argument de la situation sanitaire, mais surtout il essaie d’éviter une deuxième vague de contestation forte dans les lycées. Après avoir essayé tout d’abord de l’enrayer par la répression forte et injuste de nos collègues de Melle, le ministre s’est rendu compte que loin d’étouffer la colère des personnels il l’a au contraire dé-confinée !

« J’ai souhaité que l’organisation de la certification des compétences numériques Pix pour les élèves de Terminale soit reportée »

Une usine à gaz, redoutée par tous les chefs d’établissement avait en effet vu le jour « en catimini » cette année, puisque le B2I qui avait cours au collège ne fonctionnait pas (les élèves se contentant de copier/coller des réponses trouvables partout sur le net) il avait été décidé de l’amplifier et de l’étendre au Lycée, sous un autre nom, et avec des « cours » en ligne toute l’année afin d’avoir une jolie « médaille », aussi appelée certification, sans aucune valeur en plus du nouveau bac Blanquer (qui n’en a pas beaucoup plus…).

« Les épreuves des enseignements de spécialité se tiendront aux dates prévues, du 15 au 17 mars. Afin de tenir compte des effets de la crise sanitaire sur les acquis des élèves, j’ai demandé que, pour chacune de ces épreuves, il n’y ait pas un seul sujet, mais un choix entre deux sujets pour chaque élève, à partir des entrées prépondérantes des programmes. J’ai par ailleurs demandé que les documents de correction soient particulièrement développés et précis pour cette session, et qu’ils comportent des critères d’évaluation détaillés, afin que soit garantie une égalité de traitement des candidats. »

Donc pour résumer, grâce au ministre on aura donc des corrigés détaillés, vive Jean Michel Blanquer, heureusement car avant sa venue au ministère il n’y avait aucun corrigé de bac et les enseignants n’en faisaient qu’à leur tête… Bien évidemment cette petite poudre de perlimpinpin n’a aucun intérêt autre que d’essayer de montrer au grand public à quel point notre ministre est formidable… Le fait de maintenir les épreuves au milieu du mois de mars est symptomatique de la volonté du ministre d’imposer la sienne… Tous les enseignants de terminale s’accordent depuis le début de l’année sur le fait que cette épreuve est beaucoup trop tôt, en particulier lorsque l’on regarde les programmes de spécialité qui sont (ce qui est normal au vu de l’impact de celles-ci) très longs.

« Par ailleurs, comme vous le savez l’aggravation du contexte sanitaire nous a conduits à renforcer le protocole sanitaire dès le 2 novembre. Ces nouvelles mesures sont à l’évidence plus difficiles à mettre en place dans certains lycées qu’elles ne le sont dans les écoles et les collèges. »

Enfin ! Jean Michel Blanquer énonce une lapalissade, la réforme Blanquer n’est pas compatible avec les protocoles sanitaires Blanquer. C’est ma fois fort dommage que ce soit la même personne qui ait rédigé les deux. En effet dans les lycées, en première et terminale toutes les classes sont mélangées joyeusement de manière totalement aléatoire pour former les spécialités. 2 élèves ayant le même trio de spécialité (que nous appellerons A-B-C) peuvent interagir avec 5 groupes d’élèves différents !  S’ils sont tous les deux dans le même groupe d’une spécialité A, ils ne seront pas forcément dans le même dans le groupe de spécialité B, ni dans celui de spécialité C. Sans compter que les autres élèves de ces groupes ont eux aussi interagi potentiellement avec d’autres groupes. Les possibilités de contamination sont donc infinies avec un brassage continu des élèves…

« Afin d’assurer la continuité pédagogique pour les élèves tout en garantissant la protection maximale pour les personnels et les élèves des lycées, des plans de continuité pédagogique vont être mis en place chaque fois que cela sera nécessaire. Ces plans vont permettre de maintenir un accueil des élèves sur au moins une partie du temps scolaire et d’assurer la continuité de leur apprentissage. Le cadrage national est net grâce au protocole de continuité pédagogique. Il permet une réelle souplesse locale, car chaque lycée est dans une situation différente. »

Le message est clair, débrouillez-vous ! Puisque la réforme du lycée interdit de résoudre du brassage que chaque lycée trouve sa propre solution ! Là aussi la volonté annoncée dans la presse (mais pas dans le courrier qui nous a été adressé par le ministre) de garder 50% des élèves en présentiel ne résout rien.

En effet seuls deux fonctionnements (s’excluant l’un l’autre) sont alors possibles :

  • Soit un dédoublement des classes est effectué (c’est par exemple la solution choisie à Charles Coulomb, Jean Monnet ou au lycée privé Beaulieu).

Les avantages sont le travail a effectifs réduits, moins de déplacement dans les couloirs, moins de brassage à la cantine et aux internats.

Cependant, la conséquence est catastrophique pour les collègues, qui outre leurs cours en présentiel, devront alors gérer le distanciel, cumulant ainsi deux services (car aucun collègue ayant travaillé en distanciel en mars/avril cette année n’est dupe, c’est un travail colossal !). De nombreux arrêts pour burn-out sont à prévoir !

Autre problème : certains groupes de spécialité vont être totalement déséquilibrés, en effet les groupes ayant été fait de manière aléatoire, en piochant dans l’ensemble des classes, la simple division de celle-ci par deux ne réduira pas les groupes de spécialité de moitié, certains seront toujours pleins (car par exemple pas ou presque d’élève dans la seconde moitié alphabétique des classes) quand d’autres seront vide (et bien qu’il soit compliqué de travailler en effectif pléthorique il est de même extrêmement difficile de travailler avec 3 élèves non réactifs qui vous regardent en attendant la solution…

  • Soit des niveaux entiers sont en présentiel quand d’autre sont en distanciel. C’est la solution choisie par exemple à Élie Vinet.

Les avantages sont la baisse du brassage à la cantine, moins de déplacement dans les couloirs, et l’absence de double travail pour les professeurs, ils pourront effectuer leur télétravail sur les heures libérées par l’absence de leurs classes, cela reste un travail considérable, mais tout de même plus acceptable.

Néanmoins, cela ne règle ni la question du brassage des élèves dans le même niveau (voir précédemment) ni surtout les problèmes d’effectifs pléthoriques en classe (35 élèves dans 50 m² en moyenne).

Au-delà des dédoublements, pour pouvoir faire face à la crise sanitaire il faut créer des postes et construire des locaux pour baisser les effectifs. Pour cela, il faut immédiatement admettre comme fonctionnaires les candidat-e-s sur les listes complémentaires et les admissibles aux concours internes.

De même Sud Éducation Charente demande le report des épreuves de spécialité à la fin juin, au même titre que l’épreuve de philosophie. Ces épreuves étant primordiales pour l’avenir de nos élèves, on ne peut pas se permettre de les organiser « à la va vite » et à la dernière minute comme tout ce que nous annonce le ministre.

Enfin les collèges et écoles doivent pouvoir eux aussi adapter leurs protocoles, pour limiter au maximum les effectifs pléthoriques et le brassage des élèves, ce qui leur est pour le moment refusé !

C’est pour cela que Sud Éducation Charente appelle tous les collègues à se mettre en grève le mardi 10 novembre, temps de grève qui pourra être avantageusement mis à profit pour pallier le manque de préparation de notre ministère, en proposant des solutions à tous ces problèmes !

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