La rentrée 2023 avait été notamment marquée par la campagne islamophobe et sexiste menée par le gouvernement Attal.
La rentrée 2024 illustre une fois encore la volonté du gouvernement, pourtant « démissionnaire » depuis plus de deux mois, de s’attaquer aux fondements d’une école publique égalitaire, juste et inclusive. La pénurie de personnels annonce de graves difficultés de remplacement dans le premier et dans le second degré, les classes restent surchargées, les personnels médico-sociaux se font de plus en plus rares, 1 poste sur 5 n’a pas été pourvu aux concours de recrutement des PLP (CAPLP).
SUD éducation dénonce encore l’inégal accès à la scolarisation et les atteintes graves à ce droit fondamental. Sont particulièrement concerné·es les élèves allophones et les jeunes étrangers·ères, laissé·es sans affectation, faute de dispositifs en nombre suffisant adaptés à leurs besoins, pour les accueillir et les former, ainsi que les élèves en situation de handicap insuffisamment accompagnés faute de personnels AESH. SUD éducation poursuit son engagement et sa lutte pour une école égalitaire et émancipatrice, accessible à tou·tes.
L’école publique manque de moyens et de personnels. L’éducation prioritaire est exsangue et les lycées continuent contre toute logique d’être tenus à l’écart de ce dispositif. La mobilisation contre le “choc des savoirs” se poursuit en cette rentrée scolaire : les personnels dénoncent très majoritairement les évaluations nationales, les groupes en 6e et en 5e et s’opposent à la mise en oeuvre de la suite de la réforme (généralisation en 4e, 3e, réforme du DNB…).
La politique du gouvernement a fait l’objet d’une très forte opposition dans les rues et sur les lieux de travail lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, et dans notre secteur contre la réforme du lycée professionnel, contre le Pacte qui cassait le statut ou contre le “choc des savoirs” mais pas suffisamment pour faire reculer le gouvernement. Les personnels des LP n’ont pas été écoutés : aux mobilisations de l’année scolaire passée, le ministère oppose un calendrier largement décrié par les collègues et qui ampute l’année de terminale.
La défaite électorale de la politique macroniste aux élections européennes et législatives, est en partie le fruit des luttes syndicales menées ces dernières années.
Macron refuse de reconnaître sa défaite, pourtant indéniable. Il cherche des alliances avec les autres partis de droite et donne un rôle inédit à l’extrême droite : le gouvernement en formation ne pourrait tenir qu’avec le soutien du Rassemblement national. Le Premier ministre Barnier s’est récemment déclaré favorable à l’apprentissage dès 14 ans et a exprimé par le passé son opposition à la dépénalisation de l’homosexualité et au remboursement de l’IVG.
Solidarité avec la Palestine
Cette rentrée se fait alors que la guerre génocidaire que mène Israël à Gaza et en Cisjordanie occupée se poursuit et s’intensifie. Le désastre est total : de 40 000 à 200 000 morts, une destruction de l’ensemble des infrastructures, des épidémies qui se propagent, des centaines de milliers de déplacé·es…. Le système éducatif et universitaire est aujourd’hui détruit. Israël vise l’anéantissement du système éducatif et de la recherche afin de détruire les fondements même de la société palestinienne. Démolir les sites du savoir, effacer l’histoire, saper l’avenir et les aspirations à la liberté et à la libération : voilà le projet colonial. En cette rentrée, SUD éducation ne ferme pas les yeux et poursuit sa mobilisation contre la guerre génocidaire et pour le droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Construire et mener la campagne BDS notamment dans les universités reste notre levier principal. La répression que subissent les personnels et les étudiant·es qui s’expriment et se mobilisent en soutien à la Palestine est intolérable. La solidarité n’est pas un délit.
Budget 2025 : pour les services publics !
Le camp macroniste compte à tout prix poursuivre sa politique néo-libérale et réactionnaire avec un budget toujours plus injuste socialement, prévoyant 10 milliards d’euros d’économie alors que nos services publics étouffent. À l’occasion des débats autour de la loi de finance 2025, SUD éducation revendique des investissements massifs dans l’éducation et l’enseignement supérieur et la recherche publique mais aussi plus largement dans les services publics. L’enseignement privé est financé à hauteur de 75% par l’argent public (plus de 10 milliards d’euros chaque année) alors même qu’il contribue grandement à la ségrégation sociale. SUD éducation dénonce l’investissement de l’Etat et des collectivités territoriales dans l’enseignement privé, à 96% catholique, qui bénéficie de moyens disproportionnés par rapport aux établissements publics, que l’on contraint à l’austérité budgétaire et qui doivent renoncer à tous les dispositifs destinés à favoriser la réussite des élèves des classes populaires. Le financement de l’enseignement privé sous contrat par l’argent public porte, en outre, va à l’encontre de la laïcité. Pour SUD éducation, l’argent public doit servir à donner les moyens d’une école publique et laïque de qualité ouverte à tou·tes.
Dans l’ESR, malgré l’absence d’informations précises sur le PLF 2025, il est d’ores-et-déjà annoncé 600M€ de moins pour les plafonds de dépense pour la MIRES (Mission interministérielle « recherche et enseignement supérieur). Cela s’ajoute aux 907M€ de baisse en février opérée par Lemaire. Tout cela va avoir des traductions et des répercussions concrètes dans les universités : gel et suppression de postes, recours accru aux contractuels, la multiplication des dévolutions immobilières pour que les universités vendent leurs bâtiments, l’arrêt de travaux de rénovations des bâtis… En cette rentrée, 60 universités sont en déficit (contre 10 en 2021). Cette situation est largement due à la non compensation des mesures gouvernementales (GVT, mesures Guérini…) et à l’inflation énergétique. L’Etat doit prendre la mesure du désastre en cours et à venir dans les universités qui ne peuvent plus accueillir les étudiant·es dans des conditions d’études dignes et garantir des conditions de travail des personnels. Pendant ce temps, le gouvernement organise un transfert massif d’argent public vers le privé à travers le développement de l’apprentissage dans le supérieur.
La campagne de SUD éducation contre l’amiante en milieu scolaire et universitaire témoigne à quel point un investissement massif de l’État est nécessaire pour procéder au recensement des DTA (Dossiers Techniques Amiante) et aux opérations de désamiantage : 85% des écoles, établissements scolaires et universitaire ont été construits avant l’interdiction de l’amiante en 1997 et sont par conséquent susceptibles d’en contenir. Il y a là un enjeu de santé publique majeur ! Le refus de l’administration de communiquer nombre de documents administratifs (calcul de la répartition des moyens entre établissements, moyens alloués au privé, Dossiers Techniques Amiante, etc.), même après avis positif de la CADA, pose des problèmes de transparence et de démocratie.
La politique du gouvernement ne se traduit pas seulement par une réduction des moyens. Les contre-réformes conduisent également à brutaliser les personnels en dégradant fortement leurs conditions de travail (intensification du travail, amplitude horaire de plus en plus grande, casse des collectifs de travail…) et à maltraiter les élèves (renforcement du tri social, emplois du temps de plus en plus déstructurés, perte de valeur des formations professionnelles du fait des réductions d’horaires disciplinaires et de l’augmentation du temps en entreprise). Elles prennent aussi la forme d’une mise sous pression permanente et renforcée ce qui entraîne de plus en plus stress, mal-être au travail comme aux études et perte de sens.
Mobilisons-nous !
La montée constante de l’extrême droite va de pair avec la casse obstinée des services publics. C’est pourquoi nous réaffirmons qu’il est primordial de défendre les services publics et, avec eux, les droits des travailleurs et des travailleuses. SUD éducation intensifie la lutte contre l’extrême droite et contre tous les réactionnaires avec trois objectifs : combattre le racisme, le sexisme, les lgbtiphobies et le validisme partout, développer notre implantation dans les territoires gagnés par l’extrême droite, arracher des victoires qui améliorent la vie de tou•tes.
Malgré un mécontentement grandissant, le rapport de force n’est pas encore suffisant pour faire plier le gouvernement. Aussi la syndicalisation des personnels doit devenir une priorité car c’est le sentiment d’être plus fort.e.s et organisé.e.s qui donne confiance dans notre capacité à gagner et nous engage dans la lutte pour le progrès social.
SUD éducation s’inscrit dans la campagne TPE/TPA menée par l’Union syndicale Solidaires afin de défendre les droits des salarié·es les plus isolé·es. Cette campagne doit être l’occasion de renforcer les Unions locales et départementales pour répondre aux enjeux de syndicalisation sur tous les territoires et dans tous les secteurs.
Nous avons à réunir nos forces pour nous mobiliser dans l’unité, dans notre secteur et au niveau interprofessionnel et arracher des victoires pour améliorer la vie de tou·tes.
SUD éducation appelle donc à participer :
- Aux mobilisations féministes du 28 septembre pour défendre le droit à l’IVG et du 25 novembre contre les violences sexuelles et sexistes,
- À la mobilisation des personnes trans et intersexes à l’occasion de la manifestation nationale du collectif EXISTRANSINTER du 12 octobre 2024,
· à la journée internationale du souvenir trans du 20 novembre,
· à la journée des droits des enfants du 20 novembre.
Ces journées d’action doivent nous permettre de consolider un front uni contre les discriminations, contre les violences et contre les attaques de tous les réactionnaires de l’extrême droite.
Le 1er octobre, nous appelons tous les personnels à se mobiliser avec les salariés·es des secteurs public et privé, à faire grève et à descendre dans les rues. Cette journée de grève interprofessionnelle doit rappeler nos revendications au gouvernement, mais aussi au patronat : la retraite à 60 ans après 37,5 années de cotisations, l’augmentation des salaires de 400€, la défense des services publics.
Cette date du 1er octobre doit aussi être l’occasion de faire entendre les revendications de l’éducation et de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Le 1er octobre est la première étape d’une mobilisation plus vaste qui doit se construire dans des Assemblées Générales sur nos lieux de travail et nous conduire à obtenir satisfaction sur nos revendications les plus essentielles. C’est d’un véritable plan de bataille dans la durée dont nous avons besoin ! Notre Union syndicale interprofessionnelle Solidaires doit porter cette exigence de manière la plus large possible.